Dans le cadre du droit du sport, les fédérations sportives agréées par l'État peuvent exercer un pouvoir de sanction disciplinaire en matière de compétition ou d’activité sportive professionnelle. Lorsqu'une sanction disciplinaire est prononcée à l’encontre d’un sportif, d’un club, d’un licencié, d’un agent sportif ou d’un dirigeant, il est possible d’engager un recours devant le tribunal administratif.
Cette voie contentieuse s’applique lorsque la décision prise émane d’une autorité administrative ou d’un organisme exerçant une mission de service public, dans les conditions prévues par le code du sport et le code de justice administrative. Il s'agit par exemple des sanctions infligées en matière disciplinaire par une fédération française agréée à ses membres. En matière de litige relatif à une faute disciplinaire, le juge administratif peut annuler ou suspendre la mesure si celle-ci est irrégulière, notamment si le droit de la défense n'a pas été respecté.
En pratique, cette juridiction administrative est compétente lorsque la sanction infligée émane d’un organe doté d’un pouvoir disciplinaire public (comme une commission juridique ou une commission disciplinaire) et que la personne poursuivie est engagée dans une relation de droit public avec la fédération.
Quelles sanctions sportives peuvent être contestées ?
Peuvent être contestées devant le tribunal administratif toutes les sanctions disciplinaires prises par une fédération agréée : suspension de licence, blâme, exclusion temporaire, retrait de points, interdiction de compétition, ou encore radiation. Ces sanctions doivent avoir été prises dans un cadre relevant d’une autorité administrative, par une commission de discipline, après un appel de la décision en interne, à la fédération sportive, ou toute instance compétente dotée d’un pouvoir juridictionnel.
Par exemple, un athlète sanctionné pour dopage sans respect du principe général du contradictoire, un licencié exclu sans notification officielle, ou une association sportive rétrogradée en violation des règles de la fédération peuvent contester la décision disciplinaire.
Le recours contentieux s’appuie sur l’excès de pouvoir, le manque de compétence ou le non-respect de la procédure disciplinaire. La jurisprudence administrative impose le respect des règles édictées par les statuts et règlements, la communication du dossier, la motivation de la décision, l’équilibre des sanctions infligées et la bonne application du principe de légalité. Depuis une décision du Conseil constitutionnel, il faut également que soit notifié le droit au silence.
Avocat depuis 23 ans, expert en Droit du Sport. J’accompagne les sportifs, entraîneurs, agents et clubs amateurs dans la défense de leurs droits et libertés fondamentales face aux instances sportives et judiciaires. Le Droit du Sport vous protège.

Michaël Bouyrie
Avocat
Le recours contentieux doit être introduit dans un délai de deux mois à compter de la notification de la décision. Le recours pour excès de pouvoir est destiné à faire annuler une sanction administrative illégale, alors que le recours de plein contentieux permet d’obtenir réparation (par exemple en cas de préjudice causé par une radiation illégale).
Le dossier comprend la décision attaquée, les statuts et règlements de la fédération, les échanges internes, les éléments relatifs à la faute disciplinaire reprochée, et une analyse juridique détaillée. Le recours est déposé sur la plateforme Télérecours, devant le tribunal administratif territorialement compétent.
Il est possible de demander un référé suspension si la décision contestée est susceptible d’engendrer un préjudice grave et immédiat. Cette procédure rapide, introduite en parallèle du recours au fond, permet au juge administratif de suspendre la mesure dans l’attente du jugement définitif.
L’intervention d’un avocat est fortement recommandée pour assurer la rédaction, le respect des délais, et la bonne argumentation juridique, notamment lorsque le contentieux porte sur un champ disciplinaire complexe, tel que le dopage, les refus de licence, ou les interdictions de stade.
Le CNOSF est-il un préalable obligatoire ?
Dans certains cas, la conciliation devant le CNOSF (Comité national olympique et sportif français) constitue un préalable obligatoire. Cette procédure particulière est exigée lorsque le litige oppose un licencié à une fédération agréée, dans le cadre d’une activité sportive relevant de l’intérêt général.
La demande de conciliation doit être formulée dans un délai de 15 jours à compter de la notification de la décision contestée. La proposition de conciliation rendue par le conciliateur doit être jointe à tout recours contentieux devant le tribunal administratif, sauf si la fédération n’est pas soumise à cette obligation.
L’absence de conciliation CNOSF, en cas d’obligation légale, rend la requête irrecevable. En revanche, pour les sanctions prononcées par des associations sportives ou des clubs non agréés, cette saisine n’est pas obligatoire.
La procédure de référé-suspension est un outil indispensable en cas d’urgence. Elle permet de suspendre provisoirement l'exécution d'une sanction disciplinaire dans l’attente du jugement au fond. Le juge des référés peut être saisi en parallèle du recours principal, à condition que deux critères soient réunis : une urgence caractérisée, et un moyen sérieux de contestation de la légalité de la décision.
Dans le cadre sportif, cela concerne par exemple un sportif suspendu à la veille d'une compétition de haut niveau, un licencié exclu sans respect des droits, ou un agent sportif frappé d’une interdiction de stade illégale. La décision du juge administratif en référé est rendue dans un délai très court (quelques jours), ce qui en fait un outil stratégique dans la défense des droits des personnes.
Et si la décision vient de l’administration ?
Les arrêtés préfectoraux et le code du sport
Le tribunal administratif est également compétent pour juger les décisions administratives prises par l’administration de l’État, notamment les préfets. En vertu des articles du code du sport, le préfet peut suspendre ou retirer une carte professionnelle à un éducateur sportif en cas de faute grave, de condamnation pénale, ou de manquement à la déontologie. Il peut également prononcer une interdiction administrative de stade.
Ces arrêtés préfectoraux émanant de la puissance publique constituent parfois des mesures de police administrative, qui obéissent à des règles moins respectueuses des droits de la défense. Mais il s'agit parfois de véritables sanctions administratives (parfois déguisées) qui doivent respecter les droits de la défense, les règles de procédure, et faire l’objet d’une notification officielle. Le recours pour excès de pouvoir est ici la voie normale, mais un référé suspension peut également être formé.
La jurisprudence rappelle que ces mesures administratives doivent respecter les principes généraux du droit commun, le statut des agents, et l’équilibre entre la protection du public et les droits individuels. Les règles issues de l'Union européenne et de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme (CESDF) doivent aussi être respectées
Le conseil d’un avocat est fondamental pour analyser la légalité de l’acte administratif, en particulier lorsqu’il repose sur une appréciation subjective ou un dossier incomplet.
Lorsque l’auteur de la sanction n’exerce pas une mission de service public, la juridiction compétente devient le Tribunal judiciaire. C’est notamment le cas pour les associations sportives non agréées, les ligues privées, ou les clubs amateurs qui agissent uniquement en vertu de leur règlement interne. Ces litiges relèvent du droit privé, même si les règles de discipline sportive sont inspirées du code du sport.
Le juge judiciaire est également compétent en matière de relations contractuelles, notamment entre un agent sportif et un club, ou entre un entraîneur et une fédération non délégataire. La bonne qualification juridique du litige est essentielle pour éviter l’incompétence du tribunal saisi.
La distinction entre droit administratif et droit privé repose sur l’objet de la mesure, la nature de l’autorité, et le statut de la personne poursuivie. L’avocat en droit du sport intervient en amont pour déterminer la bonne juridiction, et, le cas échéant, rediriger la procédure vers le tribunal arbitral du sport ou la cour européenne des droits de l’homme.
Pourquoi se faire accompagner par un avocat en droit du sport ?
Face à une sanction administrative ou disciplinaire, l’assistance d’un avocat en droit du sport est essentielle. Il intervient pour :
analyser le règlement disciplinaire applicable ;
identifier les vices de procédure ;
formuler les bons moyens de droit ;
déposer un recours dans les délais ;
engager un référé suspension si nécessaire ;
et défendre les droits fondamentaux de la personne poursuivie.
Le cabinet d’avocat joue également un rôle dans la relation avec l’administration, la prévention des litiges, la rédaction de recours gracieux, ou la constitution du dossier de défense. Il assure une veille juridique constante sur la jurisprudence administrative, les décisions publiées au journal officiel, et les évolutions de la politique disciplinaire du ministère des Sports ou des fédérations sportives.
Enfin, l’avocat défend ses clients devant toutes les juridictions, y compris en appel, en cassation, ou devant les juridictions européennes, dans le respect des droits de la défense, des obligations déontologiques, et de la charte éthique du mouvement sportif français.